BIOGRAPHIE

Alexandre Cloutier et Aurélien Boivin


Texte de Christine Martel

lu à la présentation d’Aurélien Boivin

au Gala de l’Ordre du Bleuet, le 19 novembre 2021 



Septième enfant d’une famille de huit, Aurélien Boivin naît à Saint-Edmond-les-Plaines du Lac-Saint-Jean, le 18 juillet 1945, sous un ciel ensoleillé, au début d’une période que l’on nommera La grande noirceur. Sa mère, institutrice au temps de la colonisation, assume le double rôle de femme au foyer et de propriétaire d’un magasin de chaussures. Elle œuvre également dans plusieurs associations de Normandin où la famille s’établit en 1949. Son père, lui aussi très impliqué, sera tour à tour mesureur de bois, répartiteur pour une fromagerie et cordonnier. Ce dernier, faute d’argent, n’a pas réussi à terminer ses deux années de philosophie et connaît mieux que quiconque la valeur de l’éducation. Il n’en faut pas plus pour motiver certains de ses enfants à se surpasser. 

 

Grâce au curé du village qui remarque son application, Aurélien sera pensionnaire pendant huit ans au Petit séminaire de Chicoutimi et promet à ses parents de travailler très fort. Déterminé à relever des défis et pour gagner ses études, il est à la fois imprimeur et aiguiseur de patin. Alors qu’il rêve d’être dentiste, sa réussite académique l’oblige à se tourner vers l’enseignement. En effet, dans la foulée du Rapport Parent, deux bourses d’études universitaires lui sont accordées, mais conditionnelles à l’obligation d’enseigner au Québec durant au moins dix ans. Le destin s’était joué de lui, ce qu’il n’a jamais regretté.

 

En septembre 1965, le jeune lauréat s’inscrit donc à la Faculté des lettres de l’Université Laval et obtient, en 1968, une licence en lettres modernes de même qu’un diplôme de l’École normale supérieure. À la même époque, en 1967, il épouse Claire Bergeron, institutrice à Chicoutimi, puis le jeune couple s’installe à Sainte-Foy. Ils auront trois enfants, Renée-Claude, Jean-François et Marc-André, à ce jour leur plus grande fierté. Six petits-enfants viendront grossir le clan, pour le plus grand bonheur des grands-parents, qui célèbrent aujourd’hui 54 ans de vie commune et de complicité.

 

Au début de sa carrière, le frais diplômé enseigne pendant deux ans en secondaire V aux élèves de belles-lettres spéciales de la Régionale de Tilly, à Sainte-Foy. Au même moment, il attire l’attention de Maurice Lemire, celui qu’il appelle affectueusement son mentor, qui le recrute, en 1970, comme chercheur principal du Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec qu’il vient de lancer, choix déterminant pour la suite des choses. Le bourreau de travail occupe ce poste à temps plein jusqu’en 1984, tout en entreprenant rien de moins qu’une maîtrise et un doctorat. Cette même année, l’impénitent communicateur intègre le Département de littérature de l’Université Laval, où il passera plus de 30 années d’une vie d’exploration et d’éducation fructueuse et remarquable. C’est le moins qu’on puisse dire ! 

 

Celui qui aspirait en secret à publier un jour quelque chose est profondément ému, en 1974, de signer son premier contrat d’auteur chez Fides, pour son mémoire de maîtrise Le conte littéraire québécois au XIXe siècle. Essai de bibliographie critique et analytique. Ce texte lui permet de devenir le premier véritable spécialiste du conte écrit au Québec, et même au Canada. Mais ce n’est pas suffisant, il est intarissable ! Un nombre impressionnant d’autres publications suivront, tout au long de sa carrière. Éternel admirateur de Louis Hémon, il éditera ses Œuvres complètes en trois tomes chez Guérin littérature, dans les années 1990.

 

Docteur ès lettres en littérature québécoise, étiqueté comme chercheur-trouveur par ses ouailles, véritable sommité dans son domaine, Aurélien Boivin est l’une des plus grandes autorités de notre littérature. C’est donc comme spécialiste du conte et de la légende au Québec qu’il fait d’abord sa marque, avant d’étendre son autorité ici et ailleurs à titre d’essayiste, de bibliographe, d’historien ou de chroniqueur. Membre assidu du collectif de la revue Québec français, où il fait paraître une centaine de fiches de lecture sur des romanciers et romancières du Québec, il aura, du même souffle, dirigé une cinquantaine de thèses de doctorat. 

 

L’ouvrage Littérature du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Répertoire des œuvres et des auteurs, paru aux Éditions du Royaume en 1986, représente le premier jalon de la collection Damase-Potvin. Cet inventaire demeure, à ce jour, une source de renseignements des plus exhaustives sur les auteurs d’ici et leur production littéraire. Les recherches menées en collaboration avec son grand ami Jean-Marc Bourgeois, auront également permis de constituer l’une des plus belles collections de diverses éditions du roman Maria Chapdelaine, en plus de mettre sur pied une exposition itinérante sur Louis Hémon et son mythique roman qui sera présentée en France. De nombreuses autres expériences internationales ont enrichi et fait rayonner ce prolifique farfouilleur, chez nous et à l’étranger.

 

Membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises et de la Société royale du Canada, chevalier de l’Ordre des Palmes académiques du gouvernement français, officier de l’Ordre des francophones d’Amérique et de l’Ordre national du Québec, récipiendaire du Prix Air Canada et du Prix de l’Institut Canadien de Québec, prix Hommage de la 39e édition du Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, les récompenses sont nombreuses et font foi de la reconnaissance que le professeur Boivin a reçue jusqu’à maintenant de son milieu. Et ce n’est pas fini ! 


L’inexhaustible auteur a publié, en avril 2019, dans la collection « 100 ans noir et blanc », Le Lac-Saint-Jean, des richesses à partager. Le magnifique album enrichi de 200 photographies sera suivi, en 2020, de Curiosités du Lac-Saint-Jean aux Éditions GID. Marathonien à ses heures de course à pied et de lecture, amateur de hockey, de pêche et de jeux de mots, ce Bleuet dans l’âme et dans le cœur a su révéler au monde entier une grande part de notre identité nationale, en préservant et exportant, avec amour et bienveillance, notre patrimoine écrit. Sa curiosité et sa persévérance, son énergie contagieuse et son style coloré ont fait de ce boulimique de savoir l’un des plus attachants gardiens et ambassadeurs de notre culture régionale.



1 commentaire:

Unknown a dit...

Félicitations pour votre implication à la culture de notre patrimoine. Votre apport à la littérature nous impressionne comme "bleuet". J'ai eu le plaisir de lire un de vos livres que j'ai apprécié. Je déposerai un commentaire sur ce livre à la boîte au lettres de votre fils Marc-André journaliste à Radio- Canada, il demeure dans le même quartier que moi. J'ai retracé ce lien par Madame Sonia Michel ma naturopathe. Fière de mon identité "jeanoise" avec cette belle nomination. Nicole Pilote


POURQUOI L’ORDRE DU BLEUET



L'intensité et la qualité de la vie culturelle et artistique au Saguenay-Lac-Saint-Jean est reconnue bien au-delà de nos frontières. Nos artistes, par leur talent, sont devenus les ambassadeurs d'une terre féconde où cohabitent avec succès toutes les disciplines artistiques. Cet extraordinaire héritage nous le devons à de nombreuses personnes qui ont contribué à l'éclosion, à la formation et au rayonnement de nos artistes et créateurs. La Société de l'Ordre du Bleuet a été fondée pour leurs rendre hommage.La grandeur d'une société se mesure par la diversité et la qualité de ses institutions culturelles. Mais et surtout par sa volonté à reconnaître l'excellence du parcours de ceux et celles qui en sont issus.